Brenda, ma boss, nous donne des bonbons l’après-midi, pour la pause on est sûr d’avoir du thé ou du café (soluble, malheureusement). Samedi, la mère de Brenda nous a donné des cookies.
C’est parfois dur de cueillir des feijoas parce qu’il faut être sûr qu’ils sont bons, ni trop durs, ni trop petits.
J’ai eu des problèmes au début parce que, vraiment, je ne comprenais pas ce qu’on attendait de nous : je ne suis pas sensée les presser mais sans ça comment deviner si ils sont bons ?
Heureusement Daphne m’a dit de le faire, discrètement, et après je dois donner une petite pression sur la tige et s’ils ne partent toujours pas, je les laisse. Car ça veut dire qu’ils seront bons le lendemain.
C’est dur de ne pas toujours prendre le fruit alors qu’on le sent ferme mais je résiste !
En plus, ce qui est cool c’est qu’on nous demande si on vient travailler le lendemain : en fait, je pourrais dire un jour que je ne travaille que le matin et partir faire la fête !
Mais comme c’est de l’argent facilement gagné (le travail n’est pas si dur, l’ambiance est bonne, la « direction » nous traite bien), je crois bien que je pourrais tenir 5 semaines sans jour de repos !
Ca fait bizarre de se dire que je suis en vacances et de travailler tous les jours de la semaine mais c’est le bon moment pour gagner de l’argent (j’ai calculé plus de $3000, bien sûr, il faut retirer les $110 par semaine que me coûte mon hébergement et la nourriture).
Après, je me tâte : ou je vais dans l’île du sud (les billets d’avion sont très peu chers) ou je pars pour une île « exotique » comme Fidji.
Mais, le travail est assez exténuant : il faut sans arrêt se poser la question de savoir si les fruits sont mûrs ou pas. Pour ça, je préfèrerais presque cueillir des kiwis mais c’est trop dur pour une femme : on est payé à ramasser le plus de fruits possibles, la paie varie en fonction du poids des kiwis ramassés et les paniers font 15kg. Le rêve !
Parfois, le matin j’en ai ma claque : il faut se baisser, se lever, ramper sous les arbres et surtout oublier le moins de fruits possibles ! Je pensais vraiment être virée dès le début parce que je sentais Brenda anxieuse.
Mais en fait, dimanche soir, elle a téléphoné à Brian pour lui dire que Helena (une Allemande de ma chambre) était virée. Ca nous a fait un choc à toutes ! Parce qu’on a commencé ensemble, je pensais toujours faire équipe avec Helena. Apparemment, Helena ne faisait pas son travail assez sérieusement.
J’ai tellement souvent l’impression que mon travail craint ! Et on me garde ! Ce doit être une erreur ou je suis très chanceuse (ou assez maligne pour dissimuler mes bévues !).
De toute façon, pour être honnête, je me fous de travailler là ou pas. Parce que je me sens lésée : je ne suis pas encore allée à la plage (pas le temps), je n’ai pas encore péché, je n’ai pas encore vu de cascade…. Il y a tellement de choses à faire ici et je les manque toutes !
Si on me vire, je pourrais tout voir, prendre quelques jours et aller travailler dans un « packhouse ». Please, Brenda, sack me !
Mais, je ne suis pas sûre de le prendre aussi bien dans la vraie vie ! Ce qui est bien, c’est que je peux écouter ma musique : cueillir en écoutant les Beatles , les Red Hot, Emilie Simon (ça fait du bien d’entendre du français !), Nina Simone… Etre sous le soleil et écouter des chansons qu’on aime !
En plus, ça fait du bien de faire quelque chose de non intellectuel, ça permet de réfléchir à la suite de mon voyage.