Je travaille dans la chaîne numéro 1 du packhouse, spécialisée actuellement dans les mandarines.Les débuts ont été assez éprouvants : les 1ers jours, ma chef était sympa, amicale, puis elle est devenue une espèce de monstre stressé et stressant.
Le cauchemar ! Vous devriez l'entendre beugler "Flo" (j'ai préféré donner mon surnom car personne ne prononce mon nom correctement, j'ai un ami qui est appelé G. parce que c'est plus simple pour eux que de faire l'effort d'apprendre son nom!) à longueur de journée. On finit par détester son nom après ça....
Surtout, le plus dur est qu’on nous place face à ces fruits et qu’on ne nous dit pas ce qu’il faut chercher. Et après, il y a toujours quelqu’un qui vient te dire en quoi tu t’es trompé!
Ca c'est le boulot des "QC" (quality control): rôder autour de nous, arriver quand il y a trop de "bad fruits" et critiquer. Mais tu n'as jamais personne pour t'expliquer ce que sont ces "bad fruits"! J'ai parfois envie de leur demander de me montrer comment faire si ils sont si doués!
Je crois que c'est l'organisation (ou la désorganisation) de Kerifresh qui veut ça. Les premières semaines ont été dures: entre ceux qui ont l'air de croire que, parce que l'anglais n'est pas ta langue maternelle, tu es idiot et ceux qui pensent que tu comprendras ce qu'ils veulent sans explication....
Des journées d'horreur partagées avec mes nouveaux "brothers and sisters in pain" (c'est comme ça que je nous appelle!): Geraint (du Pays de Galles), Emma (Angleterre), Kai (Allemagne), Elisa (Finlande), Marlon (Bresil)...
Sans parler de la façon horrible dont Kerifresh traite les backpackers que nous sommes! Liz (la cinglée) a renvoyé une pauvre Allemande en lui disant:"we don't like the way you work, we don't need you...". Bref, des choses aimables à dire après seulement 2 semaines de travail et surtout quand on pense qu'elle n'a pas reçu plus d'explication que nous....
Mais, Kerifresh fait aussi une action "morale" (ou économiquement juteuse): durant la saison ils emploient des prisonniers pour le "night-shift". Ils ne sont pas payés mais on leur laisse le choix: le packhouse ou la prison. Je ne sais pas pour vous mais ça fait bizarre de se dire que le packhouse est assimilé à une prison....
En ce moment, je n'ai aucune raison de me plaindre: lever à 5h30 (eh, j'ai besoin de prendre une douche, moi!), départ à 6h30, arrivée 15 minutes plus tard à Kerifresh. Tous les jours, une liste des travailleurs de chaque ligne est publiée. Quand ton nom n'y apparaît pas, tu ne travailles pas le lendemain!
Mais je suis une veinarde actuellement: j'ai quitté la chaîne, je ne suis plus une "packer"(ceux qui mettent les fruits dans les boîtes), je suis maintenant une "grader" (ceux qui ont la dure tâche de décider quels fruits seront destinés à l'exportation, ceux qui seront pour le marché local et ceux qui iront à la poubelle).
Ca, c'est de la promotion! En fait, j'ai vraiment de la chance: je suis loin de la ligne, je n'entends plus Liz, je n'ai pas des gens qui vérifient à longueur de journée ce que je fais et je travaille avec des personnes adorables.
Je travaille avec des femmes qui viennent de Tonga et qui sont là pour travailler quelques mois afin de revenir au pays avec de l'argent.
Là, ce sont Beau et Sela, mes copines de la chaîne. On rigole bien ensemble: Sela est un vrai clown, elle est toujours souriante, toujours en train de faire des blagues et a une telle énergie! Beau est un peu comme une petite soeur, elle est douce mais fait preuve de beaucoup de caractère! Mais, je les aime toutes très fort.
Bien sûr, il y a toujours des gens de la chaîne qui viennent nous dire quand on a mis des "Tag 1 (bons fruits destinés au marché local) dans des Tag 2( fruits qui sont destinés aux animaux, je pense)". Heureusement, on s'en fout un peu et on fait notre travail du mieux qu'on peut.
Essayez d'imaginer des fruits qui roulent sur un tapis roulant à vive allure et nous n'avons que quelques secondes pour juger si ils sont bons pour l'exportation, si ils sont pour le marché local et dans quelle catégories il faut les mettre ou les jeter dans la poubelles.
A ne pas faire quand on a la gueule de bois. J'ai essayé une fois, j'ai dû aller vomir 2 fois! La 1ère fois, j'ai gentimment demandé la permission puis j'ai marché jusqu'aux toilettes calmement. J'ai dû appeler Brian pour qu'il vienne me chercher. On s'est arrêté en ville car c'était l'heure de la navette. Puis, pendant que j'attendais dans le van, ça m'a repris. J'ai calmement marché jusqu'au centre commercial, attendu que la personne dans les toilettes sorte et j'ai recommencé!
Puis, dodo pour l'après-midi! Mais je jure que ce n'est pas l'alcool, c'est tous ces fruits qui tournaient sous mes yeux!
C'est infiniment plus sympa que la chaîne et les filles sont réellement intéressantes. Je pensais aller à Fidji après le packhouse mais je crois que ce sera Tonga et plus tard Vanuathu (il y a des hommes et des femmes de là-bas qui vivent à Hideaway Lodge). J'ai envie de mieux les comprendre et de voir où ils vivent!
Elles chantent beaucoup de chansons, surtout des chants religieux, dans leur langue. Parfois, ça m'endort. Mais, j'adore la "OWAWAY SONG", enfin c'est comme ça que j'ai baptisé une de leur chanson. Car, elle est très vivifiante! Je chante parfois avec elle, enfin je me contente de dire "lalala" en rythme!
Pour ceux qui veulent des photos de Nouvelle Zelande, ce sera quand je commencerai vraiment mon voyage! Salut!!!!!!